Hastoy règle ses comptes...

Gracianne Hastoy se met à nue pour évoquer le plaisir et la souffrance de l'écriture.

Il y a des petits livres comme ça, qui n'ont l'air de rien. Qu'on accueille sur son bureau en les regardant presque de haut après en avoir juste survolé les premières feuilles en diagonales. Parce que pas épais. Parce que "encore elle"... Mais qui parfois vous retournent. Vous remuent totalement du dedans lorsqu'enfin vous prenez le temps d'écouter ce qu'ils ont à vous dire.

"Réglement de comptes d'auteur" a une couverture bleue. Est signé Gracianne Hastoy. Est publié chez Atlantica. Et il fait partie de ceux-là. Qui peuvent vous énerver autant qu'ils vous touchent. Enfin non. Qui vous énervent moins qu'ils ne vous remuent.

Parce que finalement... ce côté lacanien agaçant du jeu sur les mots à l'instar du "Je te mots dis" qui ouvre la page 15... et qui se répète ponctuellement comme Gracianne Hastoy dissèque, autopsie même parfois tout ce qui fait qu'elle écrit, qu'elle possède ce besoin irrépressible d'écrire...

Cette écriture encore trop bien élevée, le plus souvent, mais qui le sait... eh bien, ça passe vite à l'arrière-plan lorsqu'au fil des chapitres, l'écrivain se met à nue et qu'elle déballe ses quatre vérités à une interlocutrice qui n'est autre que son écriture. Sa maîtresse impérieuse. Cette raison d'être à laquelle elle dit son fait: "toi, je ne peux en vivre, alors j'en crève. C'est aussi simple que cela. Un rapport élémentaire devenu alimentaire."

Des pages qui touchent alors par la totale sincérité de celle qui les livre sans détours. Les vérités qu'elle exprime aussi, sur la place que l'on ne fait pas à celui qui écrit et dont personne ne se rend compte qu'il joue sa peau, ses tripes, à chaque ligne, chaque livre. Que l'on préférerait croire "malade" plutôt que de l'aimer comme il est. Possédé par l'écriture. Des pages qui disent alors une souffrance profonde, même s'il y a du plaisir et qui font mal aussi, lorsque lucides elles évoquent "les exemplaires qui seront partiellement distribués à Noël à des élus qui s'en fichent royalement" ou les mercantis de l'édition, de la diffusion... A lire lorsqu'on oublie que derrière le stautut de "l'écrivain", il y a quelqu'un, un être vivant. Qui lui joue plus que de l'argent, sa vie. Et pas seulement un nom sur une couverture qui s'oublie...

P.C.


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Modifié le 07 - 11 - 2010
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